Le TDC – Genève tire son savoir faire de l’expérience de plus de 20 années, de la metteure en scène-pédagogue suisse Sara Veyron.
Grâce à une forme de théâtre sociétal qu’elle a développée à partir des techniques du Théâtre Forum créé par Augusto Boal, le Théâtre du Chaos est devenu un acteur culturel remarqué dans le domaine de la prévention et du social dans plusieurs pays francophones, grâce à son originalité de croiser l’art et les préoccupations sociétales de la population.
Comment travaillons-nous chaque création suivie d’un débat théâtralisé ?
Nous nous appuyons sur une pièce commandée au poète Georges de Cagliari, d’une durée de 30 à 55 minutes, dont le sujet s’approche de la réalité sur laquelle reposera le débat théâtral participatif* qui suit la pièce. A partir d’une dramaturgie rigoureusement construite, la pièce reflète le vécu du public ou une situation qu’il pourrait vivre s’il devait affronter les réalités du problème social dont on veut débattre. Les comédiens à travers la véracité et la sincérité des personnages permettent au spectateur de se projeter à partir d’une réalité qui pourrait être la sienne, d’autant que les personnages utilisent un langage dans lequel il se reconnait. La situation, les idées que la pièce sous-tend sont ainsi immédiatement assimilées et déclenchent d’elles-mêmes de la réflexion, de la prise de conscience, et par conséquent des réactions et, tout naturellement le désir de se positionner face au sujet posé.
Les comédiens professionnels de la troupe jouent dans un premier temps la pièce sans discontinuité, puis Sara Veyron, metteure en scène, ou l’une des ses assistantes, spécifiquement formée à ce type de médiation intervient, invitant le public à s’exprimer sur ce qu’il vient de voir, à proposer ses solutions face aux situations vécues par les personnages de la pièce.
Le débat théâtral est non seulement nourri par les différentes interventions du public, mais il permet également la participation active d’une partie de ceux qui sont intervenus, en les invitant à rejoindre la scène, pour devenir acteurs de leurs propositions.
Pendant le débat théâtral, devenus partenaires des acteurs-spectateurs, les comédiens rompus à l’art de l’improvisation permettent d’approfondir la réflexion des participants et du public, en les accompagnant dans le jeu théâtral sans jamais être ni lénifiant ni un frein pour laisser s’exprimer la pensée « en actes » du spect’acteur.
Les approximations, les manques, les erreurs et les idées préconçues sont combattus, mais toujours « en situation réelle ». Le thème de la pièce se trouve ainsi clairement posén et les réponses justes qu’il implique, d’autant plus solidement ancrées dans l’esprit du public qu’elles émanent de ses réactions, de sa réflexion et de sa participation.
A l’expérience, il apparaît que la distance instaurée par la situation fictive quoique proche des préoccupations, la possibilité de faire porter par des personnages les comportements et les mots qui sont les leurs, « libèrent » la parole des participants et clarifient en le rendant concret, le problème social mis en débat. Par sa capacité à transformer un concept abstrait en situations concrètes sur lesquelles on peut agir de surcroît, notre travail théâtral s’affirme comme un acte politique et citoyen, en faisant de ce théâtre un outil de formation, de prise de conscience et de réflexion pour tous.
* cette forme est régulièrement nommée Théâtre Interactif, Théâtre forum ou Théâtre participatif.